Le château de Caen : visite aérienne d’une grande forteresse médiévale

Fondé vers 1060 par Guillaume le Conquérant, le château fort de Caen servit de forteresse et résidence pour les ducs de Normandie. Tour d’horizon de ses neuf parties les plus remarquables.

Au fil des siècles, les ducs de Normandie et rois de France et d’Angleterre ont amélioré les défenses de ce vaste château, l’un des plus grands d’Europe. Même si son rôle militaire et résidentiel a disparu, le site conserve encore son attractivité grâce à ses espaces de promenade et à l’implantation de deux musées.

Vue aérienne du château fort de Caen

Le château de Caen en 9 points d’intérêt (© Bing Maps/Microsoft)

1.        Le donjon : une partie cachée

Le donjon du château de Caen

Il ne reste plus que les soubassements du donjon, mais avant-guerre, c’était pire : un bâtiment de caserne et une place d’armes recouvraient entièrement le site.

Dès 1956, l’archéologue Michel de Boüard part à la recherche de ce donjon détruit puis enfoui : il dégage les fossés, une chemise (une petite enceinte) cantonnée de 4 tours et au centre, le donjon proprement dit. On reconnaît sa forme carrée et ses murs épais (4 m). Son fondateur est Henri Ier Beauclerc, duc de Normandie et roi d’Angleterre (1101-1135), qui avait la manie de planter systématiquement un donjon dans ses forteresses. Du haut de ses trente mètres ou presque, on devait avoir une superbe vue sur la ville de Caen.

Environ un siècle plus tard, le roi de France Philippe Auguste juge insuffisante la protection du donjon. Il l’entoure d’une chemise et de fossés. Grâce à ces améliorations, le secteur du donjon devient un château dans le château.

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2.       Le palais de Guillaume le Conquérant

Vieux palais ducale et salle de l'Echiquier

Le bâtiment debout s’appelle salle de l’Échiquier. Non pas qu’on y jouait aux échecs, mais parce que s’y tenait l’Échiquier, la cour de justice ducale. Elevé au XIIe siècle l’édifice servait surtout de salle de réception pour le duc de Normandie. Guillaume le Conquérant ne l’a pas connu, car, encore une fois, c’est une construction de son fils, Henri Ier Beauclerc. Guillaume vivait dans le palais aménagé juste à côté et dont l’image montre les maigres vestiges au sol.

En plus d’être une forteresse, le château fort de Caen était donc une résidence ducale.

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3.       La terrasse d’artillerie : place aux canons

Tour Puchot et terrasse d'artillerie au château de Caen

Le chemin en diagonale correspond à une rampe en pente douce. C’est par ce genre d’accès que les défenseurs faisaient monter des canons jusqu’à une terrasse d’artillerie. Face aux tirs adverses, la meilleure défense était en effet de posséder soi-même des canons et de bombarder les assiégeants avec.

Dans ce coin de l’enceinte, la pierre paraît blanche, comme neuve : c’est la conséquence d’une restauration au début des années 2000 qui consista notamment à remplacer les blocs abîmés.

On ne se doute pas que sous la pelouse, est aménagée depuis 2008 une grande salle d’exposition, extension du musée de Normandie.

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4.       Le logis du gouverneur : la vie de château

Le logis des gouverneurs au château de Caen

Ce bâtiment logeait à l’origine les représentants du roi. Soit le bailli chargé de rendre la justice soit le capitaine ou gouverneur du château. La même personne pouvait exercer les deux fonctions. Ces officiers et leur famille se sont approprié les lieux au point d’aménager des jardins et de se faire enterrer dans l’enceinte du château, à l’intérieur de l’église Saint-Georges, précisément.

Le logis des gouverneurs accueille aujourd’hui le musée de Normandie, dédié à l’histoire de la région. Sa façade classique, contemporaine du château de Versailles, ne laisse pas douter que ses plus anciennes parties du logis (l’aile droite) appartiennent au Moyen Âge.

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5.       L’église Saint-Georges : quand le château était une paroisse

L'église Saint-Georges du château de Caen

Qu’un château abrite une chapelle, c’est habituel. Qu’un château comme celui de Caen intègre une église paroissiale, c’est exceptionnel. Presque au centre de l’enceinte, l’église Saint-Georges était donc le siège d’une paroisse dont la superficie était bornée par les remparts. Ce qui suppose l’existence d’un village à l’intérieur du château. Les derniers habitants civils quittent probablement les lieux au XVe siècle lorsque les Anglais prennent possession de la place forte.

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6.       La porte et la barbacane Saint-Pierre : les Anglais craignaient les Caennais

Porte Saint-Pierre et barbacane du château de Caen

La porte Saint-Pierre est l’une des anciennes entrées du château. Elle permet de le relier à la ville.

Les entrées sont souvent les points faibles d’une forteresse. C’est pourquoi les Anglais, qui occupaient les lieux entre 1417 et 1450, ont ajouté devant la porte une barbacane : c’est le petit château composé de 4 tours d’angle. Cette construction avait notamment pour but de se protéger d’une attaque provenant de la ville, car les Anglais n’avaient pas confiance dans l’attitude des Caennais à leur égard.

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7.       Le rempart : première défense

Remparts du château de Caen

Quand le duc Guillaume de Normandie fonda le château, il l’entoura d’une enceinte de bois, mais rapidement la pierre lui succéda. En effet, le creusement des fossés permettait de récupérer facilement la fameuse pierre de Caen.

L’enceinte maçonnée est surtout jalonnée de tours carrées, sinon rondes. Une étude archéologique du bâti a montré qu’au détail, le rempart ressemblait un patchwork de pierre. Il est en effet le fruit de plusieurs campagnes de travaux entre le XIe siècle et nos jours. Chacune rendue nécessaire par le mauvais état des pierres, les destructions liées aux sièges ou l’amélioration des défenses.

Les mâts plantés dans la pelouse n’ont rien de médiéval. Il s’agit d’un groupe d’œuvres du sculpteur contemporain Haung Yong Ping. Neuf totems portent d’étonnantes sculptures d’animaux fantastiques.

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8.       Le Musée des Beaux-Arts : un peu de peinture dans ce monde de brutes

Le musée des beaux-arts à Caen

Obsolète au point de vue militaire, le château de Caen a réussi sa reconversion dans la seconde moitié du XXe siècle. La vaste enceinte était suffisante pour accueillir deux musées. Celui des Beaux-Arts propose notamment des toiles de Véronèse, de Poussin, de Monet et de Boudin. Les amateurs de peinture contemporaine trouveront satisfaction à travers les œuvres de Balthus, Joan Mitchell ou Soulages.

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9.       La porte des Champs : la plus belle partie du château

Porte des champs et barbacane du château de Caen

La porte des Champs a globalement échappé aux destructions, en particulier aux bombes de la Seconde Guerre mondiale. Le visiteur peut donc admirer son architecture préservée du XIIIe siècle. La protection de cette entrée a été renforcée par l’ajout d’une barbacane, un châtelet constitué notamment de 4 tours. C’est la même disposition devant la porte Saint-Pierre. Bref, dans le château de Caen, on ne pénétrait pas facilement.

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A lire

  • Leroux Pascal, Le château de Caen: un monument à visiter, Cully; Caen, OREP éd. ; Association des Amis du Musée de Normandie, 2011.
  • Decaëns Joseph et Dubois Adrien (éd.), Le château de Caen: mille ans d’une forteresse dans la ville, Caen, Publications du CRAHM, coll.« Lieux communs », 2009.
  • Mon second blog sur l’art de décoder les châteaux forts et les églises.

Laurent Ridel

Historien de formation, je vis en Normandie. Ma passion : dévorer des livres et des articles d'historiens qualifiés puis cuisiner leurs informations pour vous servir des pages d'histoire, digestes et savoureuses. Si vous êtes passionnés de patrimoine médiéval, je vous invite vers mon second blog : Décoder les églises et les châteaux forts

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2 Responses

  1. Paul Barabé dit :

    Bonjour,
    Bravo pour ces vues qui sont particulièrement nettes et claires.
    Je suis un ancien étudiant du professeur de Boüard auquel je vouais une grande admiration.
    et je lui suis reconnaissant d’avoir exhumé le château de Caen et d’avoir fait des fouilles dans celui de Bonneville sur Touques.
    Un demi siècle plus tard je suis devenu spécialiste des colombiers du Pays d’Auge sur lesquels j’ai commis deux ouvrages.
    La Normandie est exceptionnelle.
    Bien à vous

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