XVIe-XVIIIe siècles, un temps de mutations économiques

rouet

Un rouet. Outil indispensable dans toutes les fermes, les femmes y filaient le lin ou le chanvre.

Au XVIIIe siècle, dans le pays d’Auge, le Bessin, le Plain et le pays de Bray, les exploitations agricoles se spécialisent dans l’élevage bovin et vendent à destination des villes viande, lait, beurre et fromage. Dans les pays céréaliers, tel le pays de Caux, on tente de supprimer la jachère qui contraint chaque année à ne pas cultiver environ un tiers des terres. Dans le Bocage, les terres cultivées s’étendent aux dépens des landes, marais et bois à tel point que des forêts comme celle de Brix sont menacées de disparition.

Mais, souvent, les ressources agricoles ne suffisent pas pour vivre si bien que nombre de paysans exercent en complément une activité artisanale à domicile. Par exemple, les maisonnées du Pays d’Ouche produisent des épingles en nombre. Plus couramment, les campagnes filent et tissent la laine, le lin puis le coton importé des colonies.

Au XVIIIe siècle, les activités artisanales se distinguent difficilement de l’industrie. Les entreprises sont en générale petites et non mécanisées. Dans le secteur textile, des Britanniques introduisent les premières machines mais elles fonctionnent encore à la main. Les « usines » comme la glacerie de Tourlaville ou la manufacture de toiles peintes à Darnétal sont exceptionnelles.

L’activité des ports normands est plutôt florissante mais se situe en-deçà des espoirs qu’augurait le XVIe siècle. L’essor maritime s’est ralenti. Seuls le Havre, troisième port de marchandises français, et Granville, spécialisée dans la pêche lointaine, tirent leur épingle du jeu.


Mariage et enfants

mère et son enfantAu XVIIIe siècle en Normandie, on se marie en moyenne assez tard (entre 25 et 30 ans) par rapport aux époques précédentes. Est-ce un moyen pour la mariée d’arriver avec un trousseau plus conséquent ? À moins que ces mariages tardifs s’expliquent par une volonté de restreindre la période de fécondité de l’union et, en conséquence, diminuer le nombre d’enfants. En effet, les Normands semblent avoir assez tôt voulu limiter les naissances. À Rouen, une famille avait en moyenne huit enfants en 1670, à peine quatre en 1800. La forte mortalité infantile faisait qu’un enfant sur deux n’atteignait pas l’âge du mariage.

La traite négrière

Une frégateEn 1716, les armateurs havrais reçoivent l’autorisation de pratiquer la traite des Noirs. À l’essentiel de la population normande, ce « commerce » passe inaperçu puisque les bateaux vont chercher les esclaves en Afrique, les débarquent aux Antilles et reviennent au Havre chargés de produits tropicaux. En 1789, la ville accueille le second port négrier de France. Honfleur et, dans une moindre mesure, Rouen, Cherbourg et Caen, participent aussi à ce trafic lucratif.

L’anglophobie

Le drapeau anglaisÀ la veille de la Révolution française, règne dans plusieurs milieux normands une haine des Anglais. Les conséquences des guerres franco-anglaises marquent encore les esprits des habitants des côtes : navires marchands capturés, raids sur le littoral, bombardements de Dieppe, du Havre et de Cherbourg en 1694 par la marine britannique. Enfin, les artisans du textile s’insurgent contre la concurrence des produits anglais, moins chers.


La Normandie de 1469 à 1789

3 Responses

  1. B. dit :

    un petit mot sur la dentelle peut-être ?

    • Laurent Ridel dit :

      Oui, je parle en effet de la laine et du coton mais pas de la dentelle. Une activité qui connaît un essor au XVIIIe siècle surtout autour de Bayeux et d’Alençon et plus généralement en Basse-Normandie. C’est une activité à laquelle on occupe les femmes les plus pauvres. Dans les hôpitaux, des sœurs apprennent aux enfants abandonnés l’art de broder afin de faire entrer des revenus pour l’institution.

  2. TABOURIN dit :

    Bonjour,
    Tout d’abor, merci pour cette diffusion très intéressante, claire, concise. Félicitations et merci.
    Dans un inventaire après décès (1809) à Rouen, je trouve un « rouet à filer le lin, un dévidoire et une tournette »., quatre killogrammes de fil de lin » et «quatre Echevaux de coton filé » et « trois hectogrammes de lin peigné »..
    Il s’agit du décès d’un vieux maître orfèvre.
    Je suppose que cet ensemble de filage concerne son épouse.
    Je suis tout d’abord surprise de trouver du lin à Rouen.
    Et je suis très dubitative. Je me demande si son épouse (âgée elle aussi) travaillait à domicile pour les filatures ? Sinon, que faisait-elle de ce qu’elle avait filé ? Je n’ai pas vu de métier à tisser dans l’inventaire.
    Dans mon idée, l’orfèvre était relativement aisé et je ne comprends pas trop que son épouse ait eu besoin de produire du fil ?…
    Qu’en pensez-vous ?
    Je suis entrain d’écrire l’histoire de cet orfèvre , mon ancêtre, et me documente beaucoup sur la vie à Rouen (deuxième moitié du XVIIIe s) afin de commettre le moins d’erreurs possibles.
    Merci par avance à qui pourrait m’éclairer.
    Bonne journée à vous et à tous.
    Bien cordialement.
    Françoise Tabourin

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