La Normandie des artistes et des touristes

Dans la première moitié du XIXe siècle, les Normands voient arriver les premiers touristes. Initié par les Anglais, le tourisme naît en Normandie bien avant le succès de la Côte d’Azur. Des aristocrates lancent la mode des bains de mer à Dieppe. Devant le succès de ces pratiques, de modestes villages côtiers se transforment en stations balnéaires tels Étretat, Deauville ou Trouville. Au-delà du littoral, la Normandie touristique s’étend aux monuments médiévaux, témoignages du passé glorieux de la province. On visite ainsi les ruines romantiques de l’abbaye de Jumièges, le Mont-Saint-Michel, le château de Gisors…

La plage de Trouville par Eugène Boudin

La plage de Trouville par Eugène Boudin (1867). Le phénomène touristique fut précoce en Normandie (National Museum of Western Art – Tokyo)

Des peintres s’entichent de la région. Elle accueille plusieurs grands artistes du XIXe siècle, au premier rang desquels figurent les Impressionnistes. Leur chef de file, Claude Monet, s’installe même dans le département de l’Eure, à Giverny. En plus des tableaux, la Normandie se trouve largement représentée à travers les romans. Les écrivains locaux Gustave Flaubert, Guy de Maupassant et Jules Barbey d’Aurevilly répandent l’image d’une région rurale, conservatrice et marquée par des pesanteurs sociales et mentales.

Sous la plume et le regard de ces auteurs, peintres ou touristes, s’élabore une image régionale parfois stéréotypée et dont certains traits subsistent jusqu’à aujourd’hui. Domine l’image d’une Normandie des plaisirs, celle des plages de sable ou de galets, celles des casinos et des hippodromes. Se diffuse aussi l’image d’une Normandie verte, celle des prairies et des pommiers, celle du lait qui coule à flot. Mais ces beaux clichés de cartes postales ne doivent pas masquer les zones d’ombre. À Rouen, à Elbeuf, les ouvriers s’entassent dans des quartiers insalubres où les taux de mortalité s’approchent des records nationaux. Dans l’ouest, s’étend une Normandie stagnante, à l’écart du dynamisme économique et des évolutions culturelles.


Naissance d’une station balnéaire : Deauville

En 1850, Deauville n’est qu’un petit village agricole, dominant la mer et les marécages côtiers. Mais le demi-frère de Napoléon III, le duc de Morny, repère les qualités de l’endroit : proximité de Paris, trois kilomètres de sables fins, 160 hectares vierges de toute habitation. Il décide avec l’aide de quelques associés de bâtir une station balnéaire. S’élèvent bientôt villas, jardins, courts de tennis, hôtels et palaces. Rapidement, la haute société parisienne y découvre les vertus des bains de mer et les bienfaits de l’air marin. En 1864, la création d’un hippodrome puis en 1912 la reconstruction du casino font définitivement de Deauville un lieu de plaisirs et de jeux.

Madame Bovary

Madame BovaryPublié en 1856, ce roman célébrissime de Gustave Flaubert met en scène Emma Bovary, une jeune femme venue s’installer avec son mari médecin dans un bourg normand. Occasion pour l’auteur de brosser un tableau peu reluisant de la société provinciale : ses notables rivalisent de conformisme et de bêtise. Ennuyée par cet environnement, lassée de son époux, Emma cherche dans l’adultère les moyens de faire encore battre son cœur. L’édition de ce livre vaudra un procès à Flaubert pour atteinte à la morale et à la religion. Pas question pour les gardiens de l’ordre social que l’ouvrage puisse tomber entre les mains d’innocentes jeunes filles.


La Normandie contemporaine

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