Pendant la Première Guerre mondiale, la Normandie se situe en retrait des zones de combat mais on peut entendre certains jours les canons du front de la Somme tonner. Placée immédiatement en retrait, la région sert aux Alliés de base logistique. La guerre dynamise des secteurs économiques comme la sidérurgie, le textile et le trafic portuaire. Elle amène dans la région des réfugiés du nord de la France et de Belgique. Certains resteront à l’issue du conflit. Mais ces arrivées ne compenseront pas les lourdes pertes humaines sur le front.

La libération de Saint-Lô en 1944. Détruite à plus de 75 %, le chef-lieu du département de la Manche fut une des villes les plus sinistrées de France (Conseil Régional de Basse-Normandie – National Archives USA)
À la différence de 14-18, la Seconde Guerre mondiale touche plus directement la région. En mai-juin 1940, après de rapides combats, les Allemands l’occupent. De nombreux Normands subissent les réquisitions ou sont contraints de travailler pour l’Allemagne, par exemple à la réalisation du Mur de l’Atlantique. Le débarquement des Alliés le 6 juin 1944 sur les côtes du Calvados et de la Manche suscite un immense espoir chez les populations occupées. Pendant plus d’un mois, l’avancée des Américains, des Britanniques et des Canadiens reste néanmoins très limitée et laisse craindre un échec. Ce n’est qu’après la percée de l’armée U.S. du général Patton dans le Cotentin que s’ouvre la voie de la libération de la Normandie puis de la France. Une fois l’armée allemande encerclée autour de Falaise, la marche en avant des forces alliées s’avère irrésistible. Le 12 septembre, les derniers Allemands retranchés au Havre se rendent. La bataille de Normandie est terminée.
Mais l’euphorie de la Libération est tempérée par le prix à payer : les bombardements aériens laissent des villes (notamment Le Havre, Caen, Saint-Lô) et de nombreux villages en ruine. Chaque Normand doit faire le deuil d’un proche : qui d’un soldat, qui d’un opposant à l’occupant ou qui d’un Juif déporté.
Le Jour J
Le 6 juin 1944, l’aube vient à peine de se lever que les Allemands en garnison dans les forteresses littorales découvrent un impressionnant spectacle : des milliers de bateaux recouvrent la Manche. Les Alliés s’apprêtent à débarquer entre les estuaires de l’Orne et de la Vire. A 6h30 précise, l’heure H, les premiers soldats posent le pied sur les plages normandes. Les Allemands ne parviendront jamais à les remettre à la mer. L’opération, baptisée Overlord, est un succès. L’ouverture de ce nouveau front oblige le Reich à retirer de Russie plusieurs divisions, accélérant le recul allemand à l’est. Plus d’informations.

Ici, c’est toujours juin
Ici, c’est toujours juin,
ai-je rêvé
pendant mes nuits françaises angoissées,
mais toutes les bouches se taisent
le long d’Arromanches, au bord de la mer,
aucune grenade sur leurs lèvres silencieuses,
le courage parfois dans les chaussures,
incapables d’avancer dans la bataille,
sur la terre chaude de juin.
Nous avons vu le béton
de Rommel dans les dunes
au loin, le ressac murmure
l’histoire presque oubliée
comme l’âme agitée des garçons disparus
mais dans chaque village normand, je suis soldat
et toutes les balles ont manqué leur cible ce jour-là
ici, c’est toujours juin
Héroïques, ils se tiennent au bord
de toutes les routes du Cotentin
en bronze noir, pointant vers la terre
et certains nous ont renvoyés vers des champs arides
où nous sommes tombés entre maïs et blé
mais tous ont un nom
et parfois, nous en avons oublié un
Mes rêves m’ont laissé seul
dans les nuits françaises angoissées
sans lien pour l’âme
entre les cratères des grenades oubliées
ici, c’est toujours juin
mes camarades gisent autour de moi
le ressac murmure l’histoire