Prospérité et chute du duché de Normandie

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L’abbaye de Jumièges. Ce fut l’une des plus puissantes abbayes normandes du Moyen Âge, comme le prouvent les dimensions de l’église et la qualité de sa construction.

Les hautes ambitions des ducs de Normandie sont rendues possibles par la richesse de leur territoire. Une richesse qui s’appuie sur une forte population (environ 700 000 Normands à la fin du XIIe siècle) et sur une agriculture en expansion. La région n’est toutefois pas encore spécialisée dans l’élevage bovin ou la production cidricole qui feront sa prospérité au XIXe siècle. Les paysans cultivent principalement les céréales (froment, avoine, orge). Ils défrichent les forêts pour étendre l’espace cultivable. L’expansion démographique et agricole, commune à toute l’Europe occidentale mais particulièrement vive en Normandie, engendre la naissance de nouveaux villages et de hameaux.

Les villes sont peu nombreuses et peu peuplées sauf la capitale Rouen. Cependant, les agglomérations se multiplient au pied des châteaux, autour des abbayes ou des marchés. La plupart de ces nouveaux centres deviendront les bourgs actuels de nos campagnes. Quelques-uns réussiront si bien qu’ils rivaliseront avec les anciennes villes : Caen, fondée (plus exactement développée) par Guillaume le Conquérant, constitue le meilleur exemple mais ajoutons d’autres succès tels Falaise, Fécamp, Verneuil-sur-Avre, Bernay, Cherbourg, Alençon, Argentan…

Une autre preuve du dynamisme normand se lit dans le grand nombre de monuments édifiés aux XIe-XIIe siècles : des églises rurales, des abbayes romanes (Bernay, La Trinité-de-Caen, Cerisy-la-Forêt, Lessay…) et des châteaux-forts (Gisors, Château-Gaillard, Caen, Domfront, Falaise…).

La richesse de la Normandie suscite la convoitise du voisin : le roi de France. À partir des années 1050, Français et Normands sont souvent en guerre. Ce n’est finalement qu’en 1204 qu’un roi de France, Philippe Auguste, parvient à mettre la main sur le duché. La Normandie entre dans le giron français.


L’émergence de Caen

À l’époque romaine, elle n’était qu’une agglomération secondaire éclipsée par les villes voisines de Bayeux et d’Aregenua. C’est au milieu du Moyen Âge que Caen commence son ascension. Guillaume le Conquérant, probablement conscient de la situation centrale du lieu par rapport au duché, y établit un grand château et deux abbayes. Au XIIe siècle, elle devient le siège des principales institutions financières et judiciaires : le château abrite le trésor royal et l’Échiquier de Normandie. La ville fait donc figure de seconde capitale du duché aux côtés de Rouen.

Château-Gaillard : la forteresse imprenable ?

Château-GaillardUne position redoutable sur un éperon, une construction intégrant les derniers progrès de l’architecture militaire, Château-Gaillard possédait les qualités d’une forteresse imprenable. Son commanditaire, le duc de Normandie et roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion, comptait sur cet impressionnant ouvrage pour barrer la route de Rouen au roi de France. En 1204, six ans après la fin de sa construction, le château est justement assiégé par Philippe Auguste. Au terme de six mois de siège, les assaillants arrivent à trouver une faille dans la défense : en se hissant jusqu’à une fenêtre ouverte bien trop bas, ils pénètrent dans la forteresse. Réfugiés dans le donjon, les Anglo-Normands se rendent. La conquête de la Normandie s’ouvre pour le roi de France.


Le duché de Normandie

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